Formule 1

Une rentrée complètement ratée pour Ferrari. 

Trahi par la pluie et par Mercedes, Ferrari a vécu le scénario catastrophe pour leur rentrée avec un double abandon ; résultat d’un week-end de course compliqué depuis le début.  

©Icon Sport 

La rentrée n’a pas eu le goût des grands jours de Ferrari. La seule chose qui est sûre, c’est que la trêve estivale tombait à pic pour le septuple champion du monde, Lewis Hamilton. Après son plus mauvais début de saison depuis le lancement de sa carrière en 2007. L’anglais avait besoin de prendre un pas en arrière pour comprendre ce qui n’allait pas dans son approche, en collaboration avec l’équipe italienne. Il effectue sa rentrée d’un bien meilleur pied et est motivé pour la suite. 

Nous allons travailler dur, garder la tête baissée, essayer de changer de certaines choses dans notre approche et recommencer à prendre du plaisir.”, a expliqué le septuple champion du monde, jeudi. “Il y a eu énormément de pression dans cette première partie de saison, ce n’était pas la plus agréable. Donc je pense qu’il faut simplement se rappeler qu’on aime ce qu’on fait. Nous sommes tous là-dedans ensemble et nous allons essayer de nous amuser.” 

“Je n’ai jamais simplement piloté et gagné.”, a-t-il ajouté plus tard. “Il y a toujours eu des moments difficiles. Je suis le genre de personne qui n’aime pas devenir complaisant ou trop à l’aise. C’est vraiment là où j’en étais dans la relation de long therme que j’avais auparavant.” 

Du côté de son équipier monégasque, il quittait la sphère de la Formule 1 frustré à cause d’une victoire perdue en Hongrie. Les vacances allaient faire du bien à tout le monde, chez les rouges.  

Un retour compliqué.  

©Icon Sport 

C’est un Lewis Hamilton bien plus souriant et confiant que les fans de Formule 1 ont retrouvés, ce jeudi matin à l’occasion de la journée consacrée aux médias. Malheureusement, tout ne va pas aller dans le sens de la Scuderia dès le lendemain.  

Lors de la première séance d’essais libres du vendredi, le constat est dur à avaler pour les deux pilotes Ferrari. Charles Leclerc signe le quatorzième meilleur chrono, juste devant son coéquipier anglais. Après plus ou moins une trentaine de tours couverts par chacun des deux pilotes, les voitures manquaient cruellement de rythme. En FP2, les choses semblent aller mieux. Hamilton termine sixième, deux places devant son équipier monégasque. Les voitures rouges reprennent de leurs couleurs. En FP3, Leclerc devance son coéquipier. Le monégasque termine au sixième rang du tableau, à presque une seconde complète des McLaren, tandis que Lewis Hamilton peine à extraire la performance de sa monoplace et finit loin derrière, en quatorzième position.  

“Ça a été un premier jour très compliqué après les vacances, avec moi de mon côté qui ai essayé de trouver quelque chose dans la voiture qu’il n’y avait pas forcément.”, explique Charles Leclerc, déçu. “Et donc, ça fait qu’on change beaucoup les réglages, qu’on ne trouve pas la régularité pour ensuite, arriver en qualifications bien préparés.” 

En qualifications, Leclerc s’est fait une frayeur en Q1, se trouvant dans la zone des pilotes à risque. Heureusement, celui-ci améliore son chrono, lui ouvrant les portes de la Q2. Hamilton, lui, termine en onzième position. À ce moment-là, l’entrée en Q3 des Ferrari n’est pas assurée. Les deux pilotes ont tout de même réussi à augmenter le rythme, rassurant les tifosis en entrant dans la dernière partie des qualifications. Le duo a tout maximisé en se qualifiant sixième et septième, Leclerc menant le rythme pour 50 centièmes de seconde.  

Malgré cette amélioration de rythme, Leclerc est déçu de lui : “Aujourd’hui, je ne fais tout simplement pas le job en Q3, quand je dois mettre le tour ensemble ; ce que je ne fais pas depuis le début du week-end. J’étais toujours surpris par ce que la voiture faisait et je n’arrivais pas à anticiper. Donc voilà, la voiture est très compliquée à conduire mais ce n’est pas une excuse pour le boulot qui n’a pas été fait de mon côté en qualifs.” 

“On a perdu beaucoup de temps dans deux ou trois virages.”, précise-t-il à Sky Sport. “Je pense que ça a été la même chose pendant les qualifications. Pas autant que pendant les essais libres, mais on a quand même perdu du temps.” 

Hamilton se voulait plus positif face à son résultat en qualifications. “C’est vraiment encourageant, en tout cas de mon côté du garage, d’avoir un meilleur résultat.”, se félicite-t-il. “Les gars dans le garage le méritent et l’équipe le mérite, donc je suis content d’être là ou pas loin. Mais évidemment, nous ne sommes pas où nous le voulons. Être à sept dixièmes, ou six dixièmes et demi, en qualifications sur une piste comme ça, c’est beaucoup. Il faut comprendre la cause parce que Charles (Leclerc) était en pole à la dernière course. Nous avons encore ce déficit.” 

Une opération catastrophique en course. 

©Erik Junius 

À l’extinction des feux, les deux pilotes prennent un bon envol. Leclerc ne fait qu’une bouchée de la Mercedes de Georges Russell, dès l’entame du Grand Prix. Le monégasque s’attaque à ce qui semblait être une proie facile, la Racing Bulls d’Isack Hadjar. Malheureusement pour la Ferrari numéro 16, le pilote français affichait un rythme solide et une défense qui l’était tout autant. Le franco-algérien économisait dans l’entièreté du deuxième secteur, où il est très difficile de dépasser, pour ensuite mettre la pleine puissance pour le dernier secteur et un petit bout du premier. Au même moment, l’autre Ferrari, de Lewis Hamilton talonnait la Mercedes de George Russell. Tout allait bien dans le meilleur des mondes pour la marque la plus titrée de l’histoire du sport, malgré l’incapacité de Leclerc a trouvé l’ouverture sur Hadjar.  

C’est au 23e tour, que tout bascule. Des fines gouttes de pluie se sont invitées sur le circuit de Zandvoort, rendant les choses plus compliquées pour les pilotes qui n’ont pas eu d’entrainements dans ces conditions. Hamilton allume la radio lors du tour précédent pour demander à son équipe de rentrer au stand pour tenter l’undercut sur la Mercedes de son ancien coéquipier. Les mécaniciens Ferrari se préparent mais c’est l’autre voiture rouge qui plonge dans la voie des stands. Leclerc tente un undercut sur Isack Hadjar. Hamilton passe son coéquipier, dans les stands mais au troisième virage, sa course chavire. Alors qu’il arrive à toute vitesse dans la partie haute du banking, les gouttes de pluie ont rendues la peinture très glissante. L’anglais perd le contrôle de sa SF-25, l’encastrant dans le mur. La procédure de safety car est lancée, réduisant à néant la stratégie de Leclerc. Hamilton très déçu et émotif déclarera à Canal + : “Je veux rentrer à la maison.” 

Malgré l’abandon de son équipier, Leclerc continue sa course, motivé. Au moment du redépart, la dernière Ferrari en piste pointe au sixième rang, à nouveau derrière la Mercedes de George Russell. Charles revient très vite et très fort sur le pilote anglais. Cinq tours plus tard, le monégasque tente le dépassement en prenant l’extérieur au freinage du virage 11, pour se retrouver à l’intérieur du prochain tournant. L’anglais défend sa place en prenant le plus d’espace possible mais Leclerc n’abdique pas. Les deux voitures se touchent largement mais la Ferrari est passée. La radio des deux pilotes chauffe.  

©IMAGO 

Leclerc continue sa course mais à nouveau, à l’attaque du solide français, pour la quatrième position. Encore une fois, le français fait preuve d’une défense sans faille. La Ferrari numéro 16 est bloquée. Le dernier rempart pour passer la Racing Bulls se situe dans la voie des stands. Au 53e tour, il plonge à nouveau pour tenter un undercut. Charles ressort juste devant la Mercedes d’Antonelli. Ferrari est content de son calcul, le monégasque n’est pas sorti des stands en plein trafique. Mais, au troisième virage, Antonelli tente l’intérieur en prenant la trajectoire basse du banking. L’italien sous-vire et percute de plein fouet la dernière Ferrari en piste, qui fonce droit dans le mur. Leclerc est également contraint à l’abandon, dans le même virage que son équipier. Suite à cet incident, une image inédite voit le jour, Leclerc est resté sur le bord de piste pour voir les monoplaces restantes terminées le Grand Prix.  

C’était un enfer ce week-end. Des essais libres 1, jusqu’à la course.

©Kym Illman – Getty Images 

“Très clairement, je pense que Kimi (Antonelli) a essayé de faire quelque chose qui n’était pas ultra réaliste.”, a déclaré Leclerc a Canal +. “En tout cas se mettre à l’intérieur c’est toujours possible dans ce virage-là mais bon, avec le momentum en sortie, on ne garde jamais la place. Il a essayé et malheureusement, ensuite, je pense qu’il a… Enfin, je n’ai pas encore revu la rediffusion, mais j’ai l’impression qu’il est pas mal à l’extérieur et il m’a touché, et c’était la fin de ma course.” 

Quand on a demandé au monégasque de tirer un bilan de cette rentrée mouvementée aux Pays-Bas, Leclerc n’a pas caché son soulagement d’enfin en finir. “C’était un enfer ce week-end. Des essais libres 1, jusqu’à la course. Malheureusement en plus de ça, en course les choses allaient honnêtement plutôt mieux, en termes de perfo en tout cas. C’est très compliqué de conduire, donc il fallait être ultra agressif, ce que j’ai fait avec George (Russell) au départ et ensuite une deuxième fois parce qu’on n’a pas eu de chance avec le premier safety car. Mais bon, dans tous les cas, ça n’aurait rien changé.” 

Leclerc qui observe la fin de course, depuis le haut d’une dune.

©Kym Illman – Getty Images 

J’ai vraiment apprécié Kimi, parce qu’il est venu pour s’excuser et c’est une marque de classe.

Malgré l’accident causé par Antonelli, l’italien est venu s’excuser auprès de Fred Vasseur : “Oui, il est venu s’excuser auprès de moi, car Charles (Leclerc) n’était pas là. J’apprécie ce geste, ça peut arriver. Il n’est pas facile de dépasser à Zandvoort, il faut prendre des risques. Il a pris un risque, commis une erreur et s’est excusé. C’est la bonne réaction. Pour moi, c’était un incident de course.” 

“J’ai vraiment apprécié Kimi, parce qu’il est venu pour s’excuser et c’est une marque de classe.”, a ajouté le Team Principal de Ferrari, à Canal +. “Il y en a d’autres qui ne l’auraient pas fait [rires]. Je lui disais ‘merci’ pour le geste, après je sais qu’il ne l’a pas fait exprès, je pense juste qu’il est trop optimiste [rires] sur l’attaque et il se rend compte que ça ne le fait pas. Mais j’ai apprécié qu’il vienne voir Charles, pour demander pardon.” 

Concernant le week-end plus global de la Scuderia, qui n’a pas commencé par un vendredi encourageant et qui se conclut par un zéro pointé douloureux, Vasseur explique : “C’est sûr que c’est difficile parce qu’on a eu un week-end très compliqué, avec un vendredi très, très dur. Et je pense que tout le monde a bien travaillé – les pilotes en premier et les ingés -, on est revenus dans un rythme qui était bien meilleur.” 

“Je pense qu’aujourd’hui on pouvait au moins se battre avec Verstappen (Red Bull) et Russell (Mercedes). On a doublé deux fois Russell sur la piste, donc c’est pas mal. Puis repartir comme ça, avec zéro point, ça fait mal, ça fait mal à tout le monde. Mais la leçon, c’est qu’on doit aussi faire des meilleurs vendredis et partir devant eux pour ne pas avoir à les doubler.” 

C’est ainsi que le week-end catastrophique s’achève pour Ferrari. La prochaine est à domicile pour la Scuderia, à Monza, le week-end prochain. Il est donc impératif que Ferrari résolve ces problèmes pour performer à la maison, malgré les cinq places de pénalités sur la grille infligées à Lewis Hamilton. 

Martin Alcamo

Créateur d'Alcamag.be, journaliste et spécialiste sport automobile, Martin Alcamo arpente les circuits depuis l'âge de 10 ans.

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