Formule 1

Sainz et Lawson en profond désaccord suite à leur contact lors du Grand Prix des Pays-Bas. 

Alors que les commissaires ont décidé de sanctionner la Williams de Carlos Sainz, en se basant sur les directives de pilotage, la version des deux pilotes s’oppose. 

© Xavi Bonilla / DPPI 

Comme les fans aiment tant le dire, ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble ! Lors du Grand Prix des Pays-Bas, la monoplace de Liam Lawson et celle de Carlos Sainz se sont croisées, d’un peu trop près, à la relance de la seconde safety car.  

Lors de cette relance, le pilote espagnol tente un dépassement à l’extérieur du néo-zélandais, Liam Lawson. Si l’action est dans un premier temps propre, la Racing Bulls se rabat soudain sur la partie avant de la Williams, causant une crevaison aux deux protagonistes. Les deux sont contraints de rentrer à nouveau aux stands, réduisant à néant leurs espoirs d’inscrire des points. Dès l’incident, les radios chauffent et les commissaires décident de sanctionner la Williams de Carlos Sainz. 

Lorsque le quadruple vainqueur en Grand Prix apprend cette décision, il n’en revient pas. “Qui ? Qui a une pénalité ? Moi ? Tu plaisantes. Tu plaisantes. C’est la décision la plus ridicule que j’aie vue de ma vie !”, a-t-il balancé à son ingénieur. Malgré sa treizième position finale – une place en-deçà de Lawson – le pilote espagnol repart bredouille d’une course gâchée par la Racing Bulls. 

“D’abord, l’accident était plutôt clair, non ?”, insiste le fils de la légende de rallye. “Combien d’exemples a-t-on vu au premier virage de Zandvoort, avec deux lignes côte à côte sans le moindre contact ? Ça permet aux voitures de s’affronter sans contact inutile, mais avec Liam, on dirait que c’est toujours difficile de faire en sorte que ça arrive. Il préfère aller un peu au contact et risquer un abandon, ou une crevaison comme ça nous est arrivé, plutôt que d’accepter de voir deux voitures côte à côte.” 

“J’espère que ça viendra avec l’expérience chez lui, car il sait qu’il prend trop de risques pour une manœuvre inutile comme celle-ci. Mais en plus de ça, prendre 10 secondes de pénalité, c’est une blague ! Je dois aller voir les commissaires pour avoir une explication et comprendre leur point de vue, car c’est inacceptable.” 

“Je ne pense pas que ce soit le niveau des commissaires en F1 s’ils estiment vraiment que ça doit aboutir à une pénalité de 10 secondes. Je pense que c’est un sujet sérieux et qui me concerne désormais, en tant que directeur de la GPDA (l’association des pilotes), et je m’assurerai de le soulever.” 

Une pénalité cohérente ? 

©Sam Bagnall / Motorsport Images 

Dans le rapport final, les commissaires ont clairement rappelé s’être appuyés sur les “directives de pilotage”, établies pour faciliter les décisions. L’ironie du sort, ces directives ont été écrites en collaboration directe avec les requêtes de la GPDA.  

“La voiture n°55 tentait de dépasser la voiture n°30 à l’extérieur du virage 1.”, ont détaillé les commissaires. “L’essieu avant de la voiture n°55 n’était pas devant celui de la voiture n°30 au point de corde du virage 1. La voiture n°55 a essayé de rester à l’extérieur de la voiture n°30 et une collision est survenue. Nous avons considéré que la voiture n°30 avait le droit à la trajectoire et, par conséquent, que la voiture n°55 était entièrement ou principalement responsable de la collision.” 

Le point auquel les commissaires sportifs se réfèrent figure à l’alinéa B du document de travail qui date du 20 février 2025, pour la version la plus récente. Il y est écrit :  

Un dépassement par l’extérieur sera toujours considéré comme une manœuvre plus difficile à réaliser. Pour avoir droit à de la place, y compris à la sortie, lors d’un dépassement par l’extérieur, la voiture qui dépasse doit :  

  1. Avoir son essieu avant devant l’essieu avant de l’autre voiture au point de corde. 
  1. Être pilotée de manière contrôlée depuis l’entrée, jusqu’au point de corde, puis jusqu’à la sortie. 
  1. Être en mesure de négocier le virage en restant dans les limites de piste. 

Lawson contredit Sainz. 

©Clive Rose / Getty Images 

Informé des remarques de l’espagnol à son égard, suite à leur accrochage en piste, Liam Lawson n’a pas changé d’avis sur la situation, conforté par la décision finale des commissaires sportifs.  

“Je ne suis pas super content non plus, ça a ruiné ma journée.”, a-t-il confié. “Les règles sont écrites ainsi, et nous savons comment elles sont rédigées. J’ai moi-même été victime de cette situation cette année, en tentant de dépasser et en pensant qu’on me laisserait la place. Ça n’a pas été le cas et j’ai pris une pénalité. C’est donc une leçon à retenir. On le sait tous.” 

“C’est le premier tour après une relance, c’est super glissant, les pneus froids, et il n’y a aucun souci à tenter quelque chose, mais c’était risqué et il y a eu un contact, et c’est pour ça qu’il a reçu une pénalité. Donc il peut faire tous les commentaires qu’il veut. J’aurais préféré qu’il vienne m’en parler plutôt que dire ça a tout le monde.” 

“Si c’était ma faute, j’aurais reçu une pénalité. Je comprends sa frustration, on ne veut pas se retrouver dans ce genre de situation. Comme je l’ai dit, j’en avais pris une aussi. C’est ainsi que les règles sont écrites et on le sait tous.”, conclut-t-il. 

Une situation tendue à cause d’une pénalité pas forcément juste, à l’égard de Carlos Sainz. Les tensions sont grandes et font partie du sport, l’adrénaline que les pilotes ressentent lorsqu’ils roulent y est pour grand-chose. À eux désormais de mettre ces conflits de côté, pour que ça ne dégénère pas au cas où leurs chemins se croiseraient à nouveau lors du Grand Prix d’Italie. 

Martin Alcamo

Créateur d'Alcamag.be, journaliste et spécialiste sport automobile, Martin Alcamo arpente les circuits depuis l'âge de 10 ans.

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