L’australien façonne son cocon en remportant un nouveau Grand Prix mais en profitant d’une casse mécanique de la voiture sœur, venue perturber une fin de course intéressante.

©Erik Junius
C’était le grand retour aux choses sérieuses. Norris contre Piastri, le retour du duel de deux équipiers, se battant pour leur première couronne mondiale. Ce week-end allait tourner autour de celui qui tapait le plus fort, et où ça fait mal. Si le titre Constructeurs reste officiellement l’objectif numéro un, il est clair que la victoire dans l’autre championnat arpente la tête des deux pilotes Papayas. À la reprise, McLaren comptabilisait déjà 299 points d’avance sur Ferrari, second au classement par équipe. Leur titre est certain et imminent. Les deux premiers du championnat peuvent donc commencer à se concentrer sur leur rêve, si proche. C’est dans cette atmosphère de guerre sanglante en piste, que la discipline reine du sport automobile fait son retour après plusieurs semaines de vacances. Un duel tant attendu, un duel acharné, qui allait prendre des proportions sérieuses dès les qualifications, du samedi après-midi.
Le vainqueur en titre à Zandvoort, Lando Norris a mené sur son compère depuis la première séance d’essais libres, de quoi semer le doute dans la tête d’un Oscar Piastri si fort mentalement. Si le champion du monde 2016, Nico Rosberg a déclaré à Sky Sports que “Le titre va se jouer dans la tête de Lando, c’est un peu mon sentiment, malheureusement.”, il était temps de prouver au monde que les incertitudes du début de saison, ne sont plus que des marques du passé. L’enfant de Bristol est toujours devant, ce qui pousse à croire que la tendance du week-end balançait du côté d’une victoire britannique. De plus, en arrivant aux Pays-Bas, la course pesait en faveur de Norris puisqu’il est le seul pilote à avoir retirer la victoire à Max Verstappen sur ses terres, en s’imposant en 2024, depuis le retour du Grand Prix des Pays-Bas en 2021.
Frapper au bon moment.

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Pourtant mener par son équipier, l’australien de 24 ans, leader au championnat ne se laisse pas déconcentrer. Il arrive à faire tourner la situation en son sens, en terminant premier de la Q1. Norris n’en est pas déstabilisé, la Q1 n’est pas le moment où les pilotes tentent de montrer la pleine puissance de leurs capacités. Le britannique reprend les choses en main en signant le meilleur chrono de la deuxième partie des qualifications. En début de Q3, l’australien devance son coéquipier. Norris repasse à l’attaque à quelques minutes du terme de la séance mais contre toutes attentes, Piastri pointe devant son coéquipier pour 12 millièmes de seconde. Le poleman se félicite de cette performance.
“Je dirais que c’est la définition même d’atteindre son meilleur niveau au bon moment !”, déclare Oscar Piastri, dans le parc fermé. “Tout le week-end, j’ai eu des sensations assez bonnes, mais il y avait quelques virages où je n’arrivais pas à être plus rapide, mais j’ai trouvé du temps ailleurs. Je suis très content d’avoir obtenu ce résultat.”
“On a grignoté et l’un des avantages d’avoir ces essais, ou autant d’essais, c’est qu’on a le temps de travailler.”, a ajouté le leader du championnat. “Comme je l’ai dit, je pense que j’ai juste amélioré les parties où je n’étais déjà pas mauvais, et que j’ai fait la différence comme ça. Il y a encore des choses à améliorer et sur lesquelles travailler mais dans l’ensemble, je suis très content.”
“Je savais que la voiture n’était pas le problème.”, a-t-il précisé en conférence de presse. “C’est juste qu’il m’a fallu pas mal de temps pour progresser dans certaines parties. L’équipe a fait un excellent travail, d’abord pour que la voiture soit bonne pour moi et ensuite pour m’aider à progresser.”
Sur un circuit de Zandvoort, réputé pour la difficulté des dépassements sur le bitume, Piastri a probablement fait l’essentiel du travail dans cette séance. “On essaie tous les deux de battre l’autre tous les week-ends, donc il y a quelques variables qui peuvent chambouler les choses. On verra ce qui se passera demain.”
Un Grand Prix sous contrôle.

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Le départ est donné, l’australien s’envole depuis sa première place, ayant comme objectif de contenir son équipier avant le premier virage. Ironiquement, c’est son compère anglais qui se fait attaquer et dépassé par le héros national qui démarrait avec des pneus tendres, contre des médiums pour les deux McLaren. Rapidement, les pneumatiques à bande rouge du néerlandais perdent en performance, ce qui permet à la McLaren de Norris de reprendre sa place initiale. Cette bataille lui a fait perdre beaucoup de temps, à la joie d’Oscar Piastri, toujours en tête. Le deux Papayas profitent de la voiture de sécurité au 23e tour, causée par l’accident d’Hamilton, pour rentrer aux stands. McLaren effectue un sublime double pit-stop, malgré un peu plus de difficultés sur l’arrêt du britannique, mais sans conséquences. À la relance, dictée par la McLaren numéro 81, Piastri reste en tête, en se consolidant rapidement une avance sur son coéquipier. Alors que Norris commençait à grignoter l’écart entre lui et la voiture de tête, une nouvelle safety car entre en piste, à cause de l’accident entre Lerclerc et Antonelli, au 53e tour sur 72. Les mécaniciens de Woking se concentrent et opèrent de la même sorte que lors de la première SC. Le double pit-stop est effectué correctement, place à la course. À nouveau, Piastri réalise une relance parfaite et se crée un léger gap face à son coéquipier.
Mais c’est au 65e tour, que l’issue du Grand Prix se voit scellé. Le V6 Turbo-Hybride Mercedes propulsant la monoplace de Lando Norris rend l’âme. L’anglais est contraint à l’abandon. Intouchable, Piastri remporte le Grand Prix des Pays-Bas, en inscrivant son nom pour la première fois dans le prestigieux livre des pilotes ayant effectué un Grand Slem. L’australien a signé la pole position la veille, a inscrit le meilleur tour en course et a remporté, tout en ayant mené l’entièreté des tours du Grand Prix. Une performance exceptionnelle !
Je suis très fier de toute l’équipe. Je ne suis pas le seul à avoir progressé ici, c’était toute l’équipe qui m’entoure et sans eux, rien de tout cela n’est possible. C’était un gros effort collectif.
Le vainqueur se félicite d’un Grand Prix contrôlé, et millimétré. “J’ai contrôlé la course quand j’en avais besoin, c’est très malheureux pour Lando à la fin.”, déclare le leader du championnat, dans le parc fermé. “Mais oui, je sens que j’ai été en contrôle de cette [course] et j’ai juste profité de mon rythme quand j’en avais besoin.”
Ce septième succès de l’année survient sur un circuit où il avait été en incapacité de rivaliser avec son équipier l’année passée, en terminant à près de 30 secondes de lui. Cette neuvième victoire en carrière démontre le progrès qu’a subi l’australien en un an. “C’était une course un peu différente de l’an dernier donc je suis très content de tout le travail que nous avons fait pour progresser ici, et je suis très content d’avoir terminé devant !”, affirme-t-il.
“J’ai juste essayé de progresser partout où c’était possible. Vous savez, en début de week-end, ça semblait difficile et j’ai réussi à tout assembler en qualifications. Je suis content de ma course aujourd’hui, très, très content. Il y a eu quelques voitures de sécurité qui ont un peu pimenté les choses et on a répondu à tout.”
“Je suis très fier de toute l’équipe. Je ne suis pas le seul à avoir progressé ici, c’était toute l’équipe qui m’entoure et sans eux, rien de tout cela n’est possible. C’était un gros effort collectif.”
Piastri ne pouvait pas jouir d’un bilan meilleur que celui-ci pour la rentrée. Une sublime victoire et un 25-0, face à son équipier et rival au championnat, lui permettent de porter son avance à 34 points, au championnat Pilotes.
Norris frustré par une situation hors de son contrôle.

©Erik Junius
Si l’australien était si heureux d’un week-end réussi en sortant de sa monoplace orange, ce n’était pas le cas de son coéquipier très déçu par la perte de gros points, cruciaux pour le championnat. “Je ne sais pas quel était le problème, le moteur s’est simplement arrêté, c’est tout.”, déclare-t-il face aux médias internationaux. “Je pense que ça s’est produit instantanément.”
C’est beaucoup de points perdus si vite et si facilement.
“Ce n’est pas ma faute, je ne peux vraiment rien y faire. Ce n’était tout simplement pas mon week-end, j’ai eu un peu de malchance hier avec le vent et encore aujourd’hui. C’est difficile, bien sûr que c’est frustrant, ça fait mal d’un point de vue du championnat. C’est beaucoup de points perdus si vite et si facilement. Je ne peux rien y faire, alors je prends ça comme ça vient et je passe à autre chose.”, conclut Lando Norris.
Interrogé plus tard au sujet de sa lutte contre Piastri, pour la couronne mondiale. “C’est très serré. J’ai un bon coéquipier, il est fort, il est rapide dans toutes les situations, donc c’est difficile de reprendre du terrain sur quelqu’un qui est bon dans pratiquement toutes les situations. Mais oui, ça n’aide pas dans la course au titre.”
“Cela ne fait que me compliquer la tâche et me mettre davantage sous pression, mais l’écart est désormais presque assez important pour que je puisse me détendre et simplement foncer.”
Le britannique n’en est pas découragé. La bataille risque de faire rage dans le temple de la vitesse, ce week-end, à Monza.

