Formule 1

Isack Hadjar signe son premier podium en Formule 1 à l’issue du Grand Prix des Pays-Bas 2025, haut en couleurs ! 

Le jeune français a encore du mal à réaliser la performance phénoménale qu’il vient de réaliser. Hadjar pourra retourner vers l’usine de Faenza avec son premier trophée de Formule 1 en poche.  

©Simon Galloway / LAT Images via Getty Images 

Isack Hadjar ne s’attendait pas à partir du circuit de Zandvoort avec un trophée en main. Il déclarait en début de course avoir pour objectif de résister le plus possible aux Ferrari et à la Mercedes de George Russell. Au fil des tours, le parisien n’a pas seulement résisté mais s’est montré plus véloce que les monstres de la discipline. À neuf Grand Prix de la fin de saison, et au vu de la situation du second baquet de l’écurie grande sœur, Isack Hadjar se rapproche petit à petit d’une titularisation chez Red Bull, pour la saison 2026.  

Un week-end rondement mené.  

©Zak Mauger / LAT Images via Getty Images 

C’est face à un Hadjar plus déterminé que jamais que Racing Bulls entame son week-end de Grand Prix. Lors de la première séance d’essais libres, le français fini en douzième position, à quelques centièmes de son coéquipier. Avec ses 30 tours bouclés en une heure, le français peut se faire un premier avis sur le set-up de sa monoplace. Mais c’est lors de la seconde séance d’essais libres que les choses se compliquent. Le vice-champion en titre de Formule 2 stagne dans son box suite à un problème mécanique. Le constat est dur, le français est en incapacité de joindre la piste et de signer le moindre chrono ; pénalisant, quand tous ses adversaires ont effectué leur simulation de course.  

Reste le samedi pour se réinventer. Au petit matin, Isack Hadjar est plus déterminé que jamais mais reste réaliste. Il boucle 21 tours à la fin de la FP3, se hissant au neuvième rang, plus rapide que son coéquipier, onzième.  

C’est lors de la séance de qualifications que le français produit un miracle, de ses mains et de ses pieds. Le natif de Paris qualifie sa Racing Bulls au quatrième rang pour le Grand Prix du dimanche. Son meilleur résultat en qualifications. Il est parvenu, grâce à un tour sensationnel, à s’intercaler sur la deuxième ligne, juste derrière le quadruple champion du monde de F1 à domicile, Max Verstappen. Le jeune pilote de 20 ans est très content du résultat mais reste modéré dans ses explications.  

 “Je me sens très bien, là je suis satisfait du boulot”, explique Hadjar au micro de nos confrères de Canal +, avant même d’évoquer les soucis techniques l’ayant pénalisé la veille. “Ça a très mal débuté hier, on n’avait ni la performance, ni la fiabilité, donc on manquait un peu d’infos. J’ai fait le maximum en FP3, on a été intelligents, et voilà, on a tout maximisé pour la qualif. Et moi de mon côté, à tous les tours, j’ai réussi à faire les steps qu’il fallait et j’ai sorti un très, très gros dernier tour. Je suis content.” 

C’était un résultat inattendu pour le pilote comme pour son équipe, comme l’explique le concerné. “Honnêtement, c’était inattendu parce que d’un côté, j’arrive avant la qualif pas très confiant. Je me dis que pour aller chercher la Q3, il va falloir un gros tour. Et quand je franchis la ligne, honnêtement, je me dis que j’ai fait un bon tour, mais je me voyais huitième, septième à tout casser… Mais quatrième devant les gros gars, ça fait du bien.”  

Interrogé sur le fait de prendre le départ aux côtés de Max Verstappen-peut-être son futur coéquipier-pour un GP des Pays-Bas, le pilote Racing Bulls répond, sourire aux lèvres : “Je pense que c’est la meilleure position à avoir pour moi. Il part troisième, il va ouvrir un peu, il va me protéger et voilà quoi, après on va le suivre.”, fini-t-il en riant.  

“Objectivement”, a-t-il ajouté sur une note plus sérieuse, “c’est sûr que déjà, je n’ai pas fait les longs relais hier, donc j’ai un manque d’informations. Mais par contre, c’est sûr que les Ferrari vont être compliquées à retenir, il y a Russell (Mercedes) aussi. Mais bon, on est dans une super position pour marquer de gros points.” 

Plus tard, il a ajouté devant les médias internationaux : “C’est certainement mon meilleur tour de l’année, car c’est un circuit très difficile, très exigeant. J’ai tout donné, surtout dans le dernier virage. Je pense avoir bien réussi à gagner un dixième de seconde supplémentaire. Oui, c’était vraiment spécial.” 

Je suis ici pour prendre des risques, pas pour marquer des petits points.

Un Grand Prix irréel.  

©Mark Thompson – Getty Images 

Au départ, l’espérance de vie d’Hadjar aux avant-postes n’était pas très grande. Malgré la difficulté évidente de dépasser sur le circuit entre les dunes de Zandvoort, le franco-algérien pensait qu’il serait largement pénalisé par le manque d’informations et de données concernant le comportement de sa Racing Bulls et ses pneus sur un long relais. Il s’attendait lui-même à voir les deux Ferrari et Russell l’avaler en un rien de temps. Mais il ne faut jamais trop se sous-estimer. Hadjar disait en début de week-end : “Je suis ici pour prendre des risques, pas pour marquer des petits points.”, c’est exactement cette mentalité qui l’a guidé tout au long du Grand Prix.  

À l’extinction des feux, Isack prend un bon envol mais sans suivre la trajectoire d’un Verstappen enragé, volant la seconde place à la McLaren de Lando Norris. Très rapidement Isack commence à voir en rouge, dans ses rétroviseurs. C’est Charles Leclerc, à ce moment-là plus rapide qu’Hadjar, qui bute sur le pilote de la filière Red Bull. Le vice-champion de F2 2024 fait part de ses meilleurs talents défensifs et tient bon face au champion de Formule 2 2017. Bizarrement, Hadjar maintient sa quatrième place et à la régulière ! Au tour 23, Leclerc tente l’undercut sur Isack, mais l’accident de Lewis Hamilton dans le virage 3 et la safety car qu’il a engendrée, permet au pilote Racing Bulls de rentrer au box pour chausser des pneus durs, en toute sécurité. Au restart, Russell l’attaque au premier virage mais il tient bon. Il profitera de l’incident entre Leclerc et Russell pour enlever la Mercedes endommagée de la liste des voitures qui pourraient compromettre sa quatrième position. Il pourra remercier Antonelli, qui a pulvérisé la dernière Ferrari en piste, pour assurer sa place, si chère. Il est alors installé confortablement et est remarquablement rapide, moins que ceux devant mais plus que les gars de derrière. Au tour 65, un miracle s’abat sur les Pays-Bas. Le V6 turbo-hybride Mercedes de Lando Norris rend l’âme, à quelques tours de l’arrivée. Isack s’empare de la troisième place. Il est si proche de toucher son rêve, si proche de le tenir entre ses bras mais il reste encore moins de cinq tours à survivre, ces quelques tours qui ont parus pour une éternité mais soudainement, le drapeau à damier s’agite face à lui et il l’a fait ! Isack Hadjar signe son premier podium en Formule 1 ! 

Le monde s’affole pour clamer la grandeur de son nouveau roi, un rookie franco-algérien de 20 ans, avec 15 Grand Prix en Formule 1 et un premier trophée symbolique obtenu. Des larmes ont coulé, des gens ont crié, la radio du français a saturé mais en sortant de sa monoplace, et après avoir sauté dans les bras des membres de son équipe, Isack assume ne pas encore réaliser complètement.  

C’est la première étape, mon premier podium, et j’espère qu’il y en aura beaucoup plus.

“C’est un peu irréel.”, a confié le pilote tout fraîchement gracié d’un podium, dans le parc fermé. “Le plus surprenant pour moi, ça a été de garder cette quatrième place toute la course. Malheureusement pour Lando, on a profité de son problème, mais on n’a pas fait d’erreur.” 

“La voiture a été sur des rails tout le week-end, je suis très content de moi parce que j’ai vraiment maximisé ce que j’avais, je n’ai pas fait d’erreurs et on est sur le podium, donc je suis très content pour mes gars.” 

Quand on lui demande s’il avait déjà imaginé ce moment, le parisien répond : “Oui. Ça a toujours été l’objectif, C’est la première étape, mon premier podium, et j’espère qu’il y en aura beaucoup plus.” Le pilote Racing Bulls est clair sur ses intentions à venir.  

S’il avait déjà fait ses preuves tout au long de la saison, celle-ci a un goût spécial, dans cette année de premier podium, comme celui de Nico Hulkenberg en Grande-Bretagne. Une seule chose est sûre, le pilote parisien ne cessera jamais de penser au jour où, dans un Grand Prix aux Pays-Bas, il a offert une performance millimétrée, digne d’un pianiste interprétant sans la moindre erreur, sa plus belle des partitions.  

Martin Alcamo

Créateur d'Alcamag.be, journaliste et spécialiste sport automobile, Martin Alcamo arpente les circuits depuis l'âge de 10 ans.

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